MOTEURS ASYNCHRONES

1. Constitution






 Moteur asynchrone triphasé (Moteurs Leroy)

Les moteurs asynchrones, encore appelés moteurs d’induction, sont pratiquement tous les moteurs triphasés. Ils sont basés sur l’entraînement d’une masse métallique par l’action d’un champ tournant.

Ils comportent deux armatures coaxiales à champ tournant, l’une est fixe (c’est le stator) et l’autre est mobile (c’est le rotor).

1.1. Stator

Le stator est identique à celui d’un alternateur triphasé (fig :Moteur asynchrone triphasé (Moteurs Leroy)), mais on l’appelle également inducteur ou primaire car, c’est au champ tournant qu’il développe, que sont dus les courants induits du rotor, celui-ci se comportant un peu comme le secondaire d’un transformateur.

La représentation la plus simple est celle d’un stator triphasé à deux pôles (fig : Schéma simplifié d’un moteur asynchrone triphasé a) sur lequel on a précisé les zones occupées par chacune des trois phases. Cet enroulement est alimenté en triphasé par l’intermédiaire de la plaque à bornes (fig : Schéma simplifié d’un moteur asynchrone triphasé b), ce qui permet, grâce à un jeu de barrettes, de l’alimenter en étoile ou en triangle.






Schéma simplifié d’un moteur asynchrone triphasé


1.2. Rotor

Le rotor n’est lié électriquement à aucune source d’énergie, ni continue, ni alternative, ce qui simplifie beaucoup la construction. Le courant, dans ses enroulements, est uniquement induit par le champ tournant statorique, c’est pourquoi, l’enroulement rotorique est encore appelé induit ou secondaire.
On distingue deux types de rotors :

2.1. Rotor à bagues

C’est un rotor à pôles lisses qui comporte dans ses rainures un enroulement identique à celui du stator. Les trois phases sont branchées en étoile (fig : Schéma simplifié d’un moteur asynchrone triphasé c), ce qui permet d’insérer un rhéostat dans leur circuit. Ce rhéostat, qui est mis en courtcircuit en marche normale, permet d’assurer de meilleurs conditions au démarrage.

Le nombre de pôles du rotor est obligatoirement le même que celui du stator, le nombre de phases peut être différent. Cependant, il n’est pas intéressant pour un moteur à bagues d’augmenter le nombre des phases du rotor car il faudrait augmenter le nombre de bagues et des balais.

2.2. Rotor à cage

L’enroulement est remplacé par des barres de cuivre ou d’aluminium, logées dans des encoches (fig : Rotor à cage) et réunies à leurs extrémités par deux couronnes de cuivre ou d’aluminium. Ces cages comportent généralement des barreaux décalés (fig : Rotor à cage a) afin de réduire les harmoniques d’encoches. Il en résulte une légère diminution de f.é.m. induite par le champ tournant statorique dans ces barreaux .






Rotor à cage

Un tel rotor est très robuste. De plus, sa construction est particulièrement économique, la cage étant généralement réalisée avec de l’aluminium fondu que l’on coule dans les encoches préparées à l’avance. En effet, il n’est pas nécessaire d’isoler les barres de la masse du rotor, car les courants induits s’établissent surtout dans les barres.

Leur étude théorique est identique à celle des moteurs à bagues. En effet, si N désigne le nombre de barres d’une cage, le décalage entre deux barres consécutives est 2π / N. Les extrémités des barres étant en court–circuit par les flasques, un rotor à cage est assimilable à un rotor à bagues qui aurait
q = N phases, si la cage tourne dans un champ bipolaire, alors qu’il a q = N / p phases, si la cage tourne dans un champ à 2p pôles.

Par comparaison avec les moteurs à bagues, les moteurs à cage ont l’avantage d’être robustes et de coût beaucoup plus faible. Malheureusement, il n’est pas possible de faire varier la résistance de leur rotor, ce qui rend défavorable les conditions de démarrage quand on les alimente à tension et à fréquence constantes.

On remédie à cet inconvénient en utilisant, soit des rotor à double cage (fig : Rotor à cage b), soit des rotors à une seule cage, mais à barres dites en L à cause de leur profil (fig : Rotor à cage c), soit des moteurs à encoches très profondes : barres en « lames de sabre ».


Intérêt industriel

1. Problèmes du démarrage

Pour faire démarrer un moteur asynchrone, il n’est pas possible de connecter son stator sur un réseau triphasé alors que le rotor est immobile.

Le champ statorique, tournant à ns, produirait sur le rotor un couple s’exerçant tantôt dans un sens tantôt dans l’autre, c’est-à-dire la valeur moyenne est nulle, le rotor ne se mettrait pas à tourner. D’autre part le courant absorbé par le stator serait très considérable et risquerait de griller l’enroulement.

En conséquence on peut opérer de la façon suivante : on court-circuite l’inducteur sur lui-même, on applique un système de tensions réduites sur le stator (par exemple à l’aide d’un transformateur triphasé). Le champ statorique obtenu induit des courants dans l’inducteur et dans les amortisseurs :

d’après la loi de Lenz, il en résulte un couple sur le rotor, l’entraînant dans le sens du champ (il s’agît d’un fonctionnement analogue à celui d’un moteur asynchrone à cage).

Lorsque la fréquence de rotation n est voisine de ns (ce qui est atteint si le moteur est à vide ou peu chargé), on fait passer le courant J dans l’inducteur : le rotor s’accroche alors au champ tournant et l’on a désormais n = ns.

2. Avantages et inconvénients

La fréquence de rotation est rigoureusement constante : selon les applications, cette propriété est un avantage ou un inconvénient.

a) Avantages du moteur synchrone :

- Facteur de puissance réglable : on peut réaliser cos ϕ = 1 ou même fournir de l’énergie réactive au réseau en agissant sur le courant J.
- Rendement excellent (aucun type de moteur ne présente un rendement meilleur).

b) Inconvénients du moteur synchrone :

- Nécessité d’un excitateur débitant le courant inducteur J.
- Démarrage en régime « asynchrone ».
- Risque de décrochage.

3. Applications

On trouve peu de moteurs synchrones dans l’industrie : cependant, dans le cas de très grande puissance et de fonctionnement ininterrompu, il est supérieur à toute autre solution.
A part ce genre d’utilisation, on peut classer les applications du moteur synchrone en quatre grandes catégories :

- Fonctionnement en compensateur synchrone

Un moteur synchrone, tournant à vide, absorbe un courant purement réactif si ses pertes sont négligeables. En sous-excitation le moteur absorbe de la puissance réactive, en surexcitation il fournit de la puissance réactive. En plus cette puissance réactive est réglable par l’intermédiaire du courant d’excitation J. Ainsi on peut améliorer le facteur de puissance d’un réseau. On dit alors que le moteur est un compensateur synchrone.

- Groupes réversibles

De nombreuses centrales électriques fonctionnent en permanence à pleine puissance : centrales thermiques (classiques ou nucléaires), centrales au fil de l’eau; pour adapter, à tout moment, la production de l’énergie électrique aux besoins, le producteur doit emmagasiner de l’énergie durant les heures creuses et la récupérer durant les heures de pointe.

Or, l’énergie électrique ne peut pas être stockée : la seule solution est de disposer une centrale hydraulique entre un premier lac L1 (de basse altitude) et un second lac L2 (de haute altitude). Durant les heures creuses, de l’énergie électrique est consommée pour faire passer une certaine masse d’eau de L1 dans L2 : les machines synchrones de la centrale fonctionnent en moteur, les machines hydrauliques fonctionnent en pompe.

Durant les heures de pointe, l’eau repasse de L1 en L2 , tout en étant turbinée si bien que de l’énergie électrique est fournie au réseau: les machines synchrones de la centrale fonctionnent en alternateur, les machines hydrauliques fonctionnent en turbine.

Les groupes « machine synchrone – machine hydraulique » sont alors dits réversibles.

- Moteur synchrone auto-piloté

La propriété essentielle du moteur synchrone est que la fréquence de rotation ns (en tr/s) est liée directement à la fréquence f des tensions statoriques (ns = f/p).

Tant que f est restée fixe et égale à 50 Hz, le moteur synchrone, de vitesse rigoureusement constante, a vu ses applications limitées par suite de son manque de souplesse. Or, depuis quelques années, il existe des convertisseurs électroniques capables d’alimenter les moteurs synchrones en fréquence variable : tout en conservant les avantages indiscutables de ce moteur, on le rend capable de tourner
à des vitesses très différentes. C’est le moteur synchrone auto-piloté dont l’avenir est très prometteur dans le domaine de la traction électrique.

- Moteur synchrone monophasé

Le stator, monophasé, crée deux champs, tournant en sens inverse, qui agissent tous les deux sur le rotor; néanmoins, grâce à un artifice technologique, l’un des champs est prédominant et le démarrage est possible. Aucun courant inducteur n’est nécessaire car le rotor fonctionne comme un aimant permanent.

Ce type de moteur est assez répandu dans le domaine des petites puissances (inférieures au watt). La vitesse, rigoureusement constante, est alors un avantage (tourne-disques, appareils enregistreurs…).

Moteur synchrone

1. Diagramme de Behn –Eschenburg

Pour représenter ce diagramme on a deux possibilité :

- soit d’utiliser les conventions d’un générateur (fig. 2-26a). Dans ce cas le diagramme vectoriel est le même que celui d’un alternateur (fig. 2-22).
Toutefois, comme on raisonne en puissance fournie, la puissance fournie est alors négative pour le fonctionnement en moteur.

- soit d’utiliser les conventions d’un récepteur (fig. 2-26b). Dans ce cas on passe du diagramme précédent (fig. 2-22) au nouveau diagramme (fig. 2-26c) en changeant I en – I. Ce nouveau
diagramme , qu’on utilisera pour le fonctionnement en moteur a l’avantage de raisonner en puissance absorbée (la puissance devenant alors négative si la machine fonctionne en alternateur), le rotor est décalé en arrière de l’angle θe par rapport au champ.


Fonctionnement d’une machine synchrone en moteur
Fig. 2-26
Fonctionnement en charge
Fig. 2-22

2. Fonctionnement

Ici de même le diagramme de Behn – Eschenburg permet de prévoir approximativement le fonctionnement parce que, si le moteur reste couplé au même réseau, l’état de saturation est toujours le même et la réactance X peut être considérée comme constante.

On retrouve les deux régimes de fonctionnement comme pour l’alternateur :

a) à J = Cte (risque de décrochage)

Si le couple résistant Tr exercé sur l’arbre augmente, le rotor se décale de plus en plus en arrière par rapport au champ tournant : l’angle de décalage se fixe à la valeur θ. Dans le diagramme le vecteur E, qui fait avec le vecteur V l’angle θe = pθ, pivote autour du point O (fig. 2-27a) dans le sens négatif.
Si Tr dépasse la valeur de Tmax le décalage θe franchit la valeur π/2p : au-delà, T diminue si bien que le rotor ralentit; il s’écarte de synchronisme.
Le couple moteur moyen s’annule et le rotor s’immobilise : c’est le phénomène de décrochage. Il faut
déconnecter le moteur du réseau triphasé.

La verticale passant par le point O constitue encore la limites des régimes stables : la
stabilité augmente avec Tmax, donc avec J.



Courbes de fonctionnement
Fig. 2-27

La caractéristique mécanique est facile à construire (fig. 2-27c). C’est une droite parallèle à l’axe des couples, puisque la vitesse est invariable. Cette droite est de longueur limitée car le couple ne peut dépasser la valeur des limites stables.

La caractéristique mécanique a l’allure shunt idéale.

b) à P = Cte : courbes en V

Tout ce qui a été vu dans la machine en alternateur est transportable dans la marche en moteur.
Dans le diagramme les horizontales sont des droites d’équipuissance (mais elles sont situées « en dessous » du vecteur V et P est la puissance absorbée par le moteur).

Les courbes I = f(J) ont encore l’allure de V (fig. 2-27b). :

• en sous-excitation ⇒ ϕ > 0 : le moteur est un circuit inductif (courant enarrière de la tension).
• en surexcitation ⇒ ϕ < 0 : le moteur est un circuit capacitif (courant enavant de la tension).



Couplage des machines synchrones : Moteur synchrone

1. Couplage d’un alternateur

L’alternateur autonome est un cas particulier de fonctionnement. Les alternateurs de grande puissance (supérieure à 50 kVA) des centrales électriques sont tous interconnectés, c’est-à-dire couplés sur le même réseau de distribution. Ils reçoivent tous les jours, d’un organisme central appelé « dispatching », un programme qui prévoit et fixe pour les différentes heures l’énergie à fournir sur le Réseau National.

D’autre part, le rendement d’un alternateur est maximal aux environs de sa charge nominale. Dans ces conditions, pour obtenir le meilleur rendement global de la centrale, il faut mettre de nouvelles unités en service dans les périodes chargées de la journée et les mettre hors service durant les périodes creuses.

1.1. Conditions de couplage

Pour que le couplage n’entraîne, au moment de la fermeture de l’interrupteur tripolaire disposé entre l’alternateur te le réseau, aucun échange brutal de courant et par suite aucun choc mécanique sur le rotor, il faut que (fig : Couplage d’un alternateur sur le réseau) :

• les 3 f.é.m. à vide e1, e2 et e3 de l’alternateur.
• les 3 tensions simples v1, v2 et v3 du réseau.

soient respectivement égales (les neutres de l’alternateur et du réseau sont supposés reliés entre eux, par exemple par « mise à la terre »).

Pour qu’il en soit ainsi, deux premières conditions doivent être satisfaites :

• égalité des fréquences.
• égalité des valeurs efficaces.

En agissant sur la turbine qui entraîne l’alternateur on amène la fréquence de rotation n à une valeur aussi voisine possible de ns = 3000 / p (en tr/mn).



Schéma électrique
Diagramme de Fresnel
En agissant sur le courant inducteur J on obtient l’égalité de la valeur efficace E des f.é.m. et de la valeur efficace V des tensions.

Supposons que le double réglage précédent est réalisé. Les six vecteurs de même norme tourneraient exactement à la même vitesse (fig:Couplage d’un alternateur sur le réseau) si l’on avait rigoureusement n = ns. En fait, même si le réglage est fait avec précision, les vecteurs E1, E2, E3 tournent lentement mais inévitablement par rapport aux vecteurs V1, V2, V3. On ne peut pas réaliser en permanence l’égalité, mais il faut effectuer le couplage au moment où

E1 = E1,      E2 = V2,      E3 = V3

C’est-à-dire à l’instant où l’étoile des f.é.m. coïncide avec celle des tensions.

1.2. Réalisation du couplage

Pour repérer l’instant où l’interrupteur tripolaire doit être fermé on peut connecter à ses bornes trois lampes L1, L2 et L3 (fig:Réalisation du couplage).

a) Schéma électrique
b) Diagramme de Fresnel


Si la succession des phases est la même (succession supposée directe dans le cas de la fig : Couplage d’un alternateur sur le réseau b) pour les f.é.m. e1, e2, e3 d’une part et pour les tensions v1, v2, v3 d’autre part, les 3 lampes battent simultanément soumises aux tensions représentées par les vecteurs en pointilles (fig : Couplage d’un alternateur sur le réseau b). Elles s’éteignent et passent par leur éclairement maximal en même temps. (Ces lampes doivent supporter 2 fois la tension simple).

A l’instant où les lampes sont éteintes, la condition d’égalité recherchée est réalisée.

Si la succession des phases n’est pas la même pour les f.é.m. et les tensions simples, par exemple si on la succession directe pour v1, v2, v3 et la succession inverse pour e1, e2, e3, les lampes s’allument et s’éteignent successivement :

quand la lampe L1 est éteinte, L2 et L3 sont allumées (fig : Réalisation du couplage b). Il suffit alors de croiser deux fils entre l’alternateur et l’interrupteur pour revenir au cas précédent.

Lorsque les 3 lampes battent simultanément, on augmente la période de battement en agissant sur la turbine et quand la durée de chaque extinction est de quelques secondes, on ferme l’interrupteur au moment d’une extinction : la machine synchrone est couplée sur le réseau, elle ne reçoit ni ne fournit aucune puissance.

Dans une centrale le repérage des bornes de l’alternateur et du réseau est fait une fois pour toute. On obtient le quasi-synchronisme à l’aide d’un appareil appelé synchronoscope et le couplage s’effectue automatiquement.

2. Fonctionnement en alternateur

2.1. Fonctionnement à vide

Après le couplage la machine synchrone n’échange aucune puissance active avec le réseau. Si on néglige les pertes constantes le couple exercé sur l’arbre par la turbine est nul. Le diagramme de Behn – Eschenburg a l’allure représentée sur la fig :Marche à vide.


Marche à vide

Le champ magnétique B0 est dû uniquement au courant inducteur J; le courant inducteur a une valeur J0 telle que E = V (généralement la tension V du réseau est égale à la tension nominale de l’alternateur Vn).

Lorsque J varie, la f.é.m. E cesse d’être égale à la tension V et un courant prend naissance dans chaque phase statorique; si on néglige les pertes par effet Joule dans le stator et si on suppose que le couple moteur exercé par la turbine est encore nul, la puissance électrique P = 3 V I cos ϕ fournie par l’alternateur au réseau est toujours égale à zéro :

P = 3 V I cos ϕ = 0              ⇒            cos ϕ = 0             ⇒          ϕ = ± π/2

Donc les courants statoriques sont purement réactifs.

A vide, l’augmentation du courant d’excitation J provoque la fourniture et ladiminution provoque une absorption de l’énergie réactive au réseau.

2.2. Fonctionnement en charge

Le courant d’excitation, étant fixé à une valeur J, on augmente l’admission du moteur d’entraînement, le rotor tendant à accélérer, il en résulte un décalage θ en avant du champ rotorique BJ par rapport au champ résultant initial B0. (fig : Fonctionnement en charge).

 Fonctionnement en charge


Quand une machine synchrone fonctionne en génératrice (fournie de l’énergie active) E est en avance sur V (dans le sens tournant du champ).

Pour modifier le fonctionnement d’un alternateur relié à un réseau, on peut agir sur deux grandeurs :

• l’ouverture de la vanne d’admission de la turbine.
• le courant inducteur J.

Il en résulte que , si l’on ne fait varier que l’une de ces deux grandeurs, l’alternateur présente deux régimes de fonctionnement possibles.

a) Fonctionnement à J = Cte (risque de décrochage)

Au fur et à mesure que l’on ouvre la vanne d’admission, le couple Tmot appliqué par la turbine augmente : l’angle de décalage θ, (donné par l’équation T = T sin pθ = Tmot) croît également : le vecteur E fait avec le vecteur V un angle θe = pθ de plus en plusgrand (fig:Fonctionnement à J = Cte).

Fonctionnement à J = Cte

Lorsque le décalage augmente, le couple électromagnétique résistant diminue et le groupe « turbine – alternateur » accélère; il s’écarte de synchronisme. Le couple résistant moyen s’annule et la turbine s’emballe : c’est le phénomène de décrochage.

Cet incident risque d’autant moins de se produire que le rapport entre le couple électromagnétique résistant de l’alternateur T et le couple moteur de la turbine Tmot, appelé facteur de stabilité s, soit plus grand.

L’alternateur délivrant à un réseau une puissance active donnée, les pôles de son rotor (le champ rotorique BJ) sont en avance d’un angle électrique θe = pθ parfaitement déterminé par rapport aux pôles fictifs résultants (le champ résultant B0) du rotor et du stator. Si pour une cause externe (décharge brutale d’un alternateur du réseau …) le décalage géométrique θe augmente brusquement d’un angle α = dθ, il peut en résulter des oscillations de vitesse de l’alternateur, oscillations que l’on
désigne sous le nom de « pompage ».

Pour assurer une bonne stabilité de fonctionnement d’une machine synchrone aussi bien en régime permanent qu’en régime transitoire, on a intérêt à adopter pour couple nominal une valeur assez éloignée du couple maximal (soit un rapport Tm / Tn de 2 à 2,5). Par ailleurs, comme le couple maximal est proportionnel à la f.é.m. à vide (donc sensiblement au courant d’excitation J), il est toujours souhaitable d’exciter le plus possible la machine.

Pour une puissance donnée, la stabilité du groupe « turbine – alternateur » augmente avec le courant inducteur J.

b) Fonctionnement à P = Cte : courbes en V

Si le couple électromagnétique T est égal au couple moteur Tmot et reste constant, il en est de même de la puissance électrique P = T (2π ns). Par suite, la valeur du vecteur E = OC change de façon à ce que le point C se déplacer sur une droite parallèle à V, dite droite d’équipuissance (fig:Fonctionnement à P = Cte).
Fonctionnement à P = Cte

La stabilité exige que C se trouve à droite de Cd appelé point de décrochage : à chaque valeur de la puissance P correspond une valeur minimale Jd telle que :

pour J = Jd            ⇒            E = OCd.

Puisque P = Cte, la composante active de I est une constante. Le diagramme montre
que :

* pour J < Jm (sous-excitation) ⇒ ϕ < 0 (I est déphasé en avant de V).
* pour J = Jm (excitation optimale) ⇒ ϕ = 0 (I est en phase avec V).
* pour J > Jm (surexcitation) ⇒ ϕ > 0 (I est déphasé en arrière de V).

En conséquence, alors que l’alternateur fournit toujours la puissance active

P = √3 U I cos ϕ au réseau, il n’en est pas de même de la puissance réactive
Q = √3 U I sin ϕ.

* En surexcitation (J > Jm) ⇒ Q > 0 : l’alternateur fournit au réseau de la puissance réactive Q.
* En sous-excitation (J < Jm) ⇒ Q < 0 : l’alternateur demande au réseau la puissance réactive Q.

Les courbes représentant la fonction I = f(J) avec P = Cte portent le nom de courbes en V de Mordey (fig : Courbes en V).
Courbes en V

Pour une puissance donnée, on aurait intérêt à choisir la valeur minimale de I (ce qui entraînerait des pertes par effet Joule minimales); en fait, pour améliorer la stabilité, on surexcite légèrement les alternateurs (jusqu’à ce que cos ϕ soit voisin de 0,9 par exemple).
On peut régler le point de fonctionnement de l’alternateur en agissant sur la turbine et sur le courant d’excitation.

Il faut noter que la théorie de Behn – Eschenburg n’est valable lorsque le circuit magnétique est saturé, mais elle permet de prévoir approximativement le fonctionnement.

Rendement

Le rendement est le rapport de la puissance utile Pu fournie par l’alternateur au circuit d’utilisation à la puissance absorbée Pa :

η = Pu / Pa

On distingue deux méthodes de détermination : directe et indirecte. La méthode directe a pour avantage qu’elle donne le rendement vrai, mais en revanche comme inconvénients, d’une part de nécessiter des essais en charge et d’autre part d’avoir à mesurer une puissance mécanique.

La méthode indirecte est basée sur le calcul des pertes. Bien que approchée, elle est plus facile et plus utilisée.

Si p représente les pertes totales de l’alternateur, on a Pa = Pu+ p , donc :

η = Pu / (Pu + p)

Comme pour les autres machines on peut classer les pertes en deux catégories :

• Les pertes constantes : les pertes mécaniques, les pertes fer et les pertespar excitation.
• Les pertes variables : les pertes par effet Joule.

Les pertes mécaniques sont dues au frottement de l’arbre sur les paliers et à la résistance de l’air au mouvement du rotor et ne dépendent que de la vitesse de rotation qui est invariable (égale à la vitesse de synchronisme ns).

Les pertes fer sont dues au hystérésis et au courant de Foucault et ne dépendent que de la fréquence et de l’induction maximale dans l’entrefer. Pour un alternateur débitant sur un circuit à tension constante ces deux grandeurs sont aussi constantes.

Les pertes par excitation sont supposées constantes parce que le courant continu qui alimente le circuit d’excitation est sensiblement constant et ne dépend pas de la charge.

Les pertes mécaniques et les pertes fer sont mesurées par la méthode du moteur taré et les pertes par excitation en mesurant le courant et la tension dans le circuit d’excitation.

Les seules pertes variables avec la charge sont les pertes Joule dans l’induit. Si R désigne la résistance d’une phase, on a :

PJ = 3 R I2

Il est important de noter que cette résistance doit être mesurée à chaud, c’est-à-dire à la température normale de fonctionnement de la machine. Le plus souvent, cette mesure, réalisée en courant continu avec un voltmètre et un ampèremètre, a lieu à la température ambiante. Il est alors nécessaire de calculer la résistance à chaud par la relation :


Rt = R0 (1 + αt)         ,           pour le cuivre α = 0,004.

Enfin, le plus souvent on mesure la résistance R entre deux bornes de l’induit et il faut tenir compte du montage interne – étoile ou triangle.

Si α et βI2 désignent respectivement les pertes constantes et les pertes variables avec la charge, on a :

η = 3 V I cos ϕ / (3 V I cos ϕ + α + βI2)

On arrive à la même conclusion que pour les autres types de machines (fig : Courbes des pertes):

Le rendement d’un alternateur est maximal quand les pertes constantes sont égales aux pertes variables avec la charge.

Courbes des pertes

Alternateur autonome


Un alternateur présente un fonctionnement dit autonome lorsqu’il est le seul à fournir de l’énergie électrique à un réseau ou à un récepteur.

C’est par exemple le cas d’un alternateur alimentant l’installation électrique d’un chantier ou en secours une installation prioritaire (hôpital, central téléphonique, etc.).

Les applications de l’alternateur autonome est limitée mais en principe chaque alternateur peut être supposé autonome jusqu’à ce qu’il ne soit pas branché dans un réseau et la théorie est applicable dans tous les cas.

1. Caractéristique à vide

Un alternateur triphasé est toujours couplé en « étoile ». C’est pourquoi on présente les grandeurs électriques suivantes :

• Les tensions simples par V .
• Les tensions composées par U .
• Les courants de phase (donc par fil de ligne) par I .
• Le courant inducteur par J.

L’alternateur étant entraîné par un moteur auxiliaire à la fréquence de rotation ns et l’enroulement statorique étant ouvert (fig : Schéma de montage), on fait croître le courant inducteur J et on mesure les valeurs correspondantes de la tension entre bornes de phase U0 = E√3 (pour un couplage « étoile »).

On appelle caractéristique à vide d’un alternateur le graphe de la fonction E = f(J).

Comme E est proportionnel au flux utile par pôle Φ, donc proportionnel à B, il s’agit d’une véritable courbe de magnétisation (fig : Courbe de magnétisation).


Caractéristique à vide d’un alternateur
a) Schéma de montage


 b) Courbe de magnétisation

La caractéristique à vide comporte deux parties. Lorsque le courant inducteur J est suffisamment faible, E est proportionnel à J : le circuit magnétique n’est pas saturé.

Si le courant J continue d’augmenter, E augmente moins vite : le circuit commence à se saturer.

En général, le point de fonctionnement U0 = Un se trouve dans le « coude » de la courbe de magnétisation, c’est-à-dire le circuit magnétique est déjà saturé.


2.Caractéristiques en charge

2.1. Réaction de l’induit

Comme dans le cas d’une génératrice à courant continu, quand un alternateur débite, le courant de l’enroulement induit crée un champ qui vient perturber le champ de l’inducteur. C’est pour cette raison que ce phénomène est appelé réaction de l’induit.

Cependant, son étude est plus complexe que pour une dynamo. En effet, alors que pour une dynamo l’intensité débité est forcément en phase avec la f.é.m. induite, celle-ci dans le cas d’un alternateur subit un déphasage qui dépend de la nature du récepteur branché à ses bornes : résistance pure, inductance, capacité (fig).

Si la charge est purement résistive (ϕ = 0), comme le champ tournant produit par un stator triphasé est dans l’axe d’une phase quand l’intensité est maximale dans cette phase, on en déduit que l’axe du champ produit par l’induit est perpendiculaire au champ de l’inducteur. Pour cette raison, la réaction de l’induit est dit transversale.

La réaction transversale de l’induit provoque une distorsion du champ dans l’entrefer et une légère diminution du flux utile.


 a) Résistance pure
b) Inductance       
                        c) Capacité Alternateur en charge

Si la charge est purement inductive (ϕ = 90° AR) , quand la f.é.m. induite dans une phase du stator est maximale le courant est en retard de 90° sur cette f.é.m. Le champ tournant statorique qui, à cet instant, est dans l’axe de cette phase est en opposition avec le champ tournant rotorique. Pour cette raison, la réaction de l’induit est dite longitudinale. Pour un courant d’excitation donné le flux à travers l’enroulement induit a diminué, on dit que le champ produit par l’induit est démagnétisant.

Si la charge est purement capacitive (ϕ = 90° AV) , quand la f.é.m. induite dans une phase du stator est maximale le courant est en avance de 90° sur cette f.é.m. La réaction de l’induit est aussi longitudinale, mais pour un courant d’excitation donné le flux à travers l’enroulement induit a augmenté, on dit que le champ produit par l’induit est magnétisant.

Donc, si on exprime ce phénomène par une équation électrique adoptant la convention générateur pour chaque phase statorique de résistance R, on aura :

ec = e0 – Lc di/dt ,               ec – f.é.m. en charge
                                             e0 – f.é.m. à vide
                                             Lc – inductance cyclique du stator
                                                    (qui détermine la réaction de l’induit)

Et encore (fig.Circuit électrique), chaque phase du stator se comporte comme un générateur de Thévenin de f.é.m.

E et d’impédance Z = R + jX :

V = E - R I - jX I                                     où : X = ωL – reactance synchrone

Modèle de Behn-Eschenburg d’une génératrice synchrone
 Circuit électrique
Diagramme de Fresnel

Cette représentation simplifiée, qui s’appelle le modèle de Behn – Eschenburg, a été faite sous condition que le circuit magnétique n’est pas saturé. Dans ce cas le flux magnétique est proportionnel à l’induction du champ B et respectivement au courant I.

Il permet d’étudier le fonctionnement en charge à partir de la f.é.m. à vide.

2.2. Courbes de fonctionnement

La vitesse d’entraînement d’un alternateur étant constante (vitesse de synchronisme), la tension V (par phase) est fonction de trois paramètres : V = f (I, J,ϕ). Pour simplifier les études on ne fait varier que l’un de ces trois paramètres à la fois.

Dans la pratique, on se limite généralement à la représentation de deux familles de
courbes :

• V = f (I) à J = Cte et cos ϕ = Cte, ce sont les caractéristiques externes.
• J = f (I) à V = Cte et cos ϕ = Cte, ce sont les courbes de réglage.

2.2.1. Caractéristiques externes

Pour relever les caractéristiques l’on dispose des deux méthodes : directe et indirecte. La méthode directe est utilisable seulement pour les alternateurs de faible puissance qui peuvent être mis en état de marche et faits débiter dans différentes charges.

Pour les alternateurs de grande puissance on utilise la méthode indirecte qui utilise les diagrammes vectoriels et les essais à vide et en court-circuit.

Pour représenter la relation f (V, I) pour une valeur de ϕ donnée, on peut utiliser le diagramme simplifié d’un alternateur (fig.2-16a), ce qui donne :

E2 = V2 + (X I)2 + 2 V X I sin ϕ

On en déduit les résultats suivants:

a) Pour cos ϕ = 1, la courbe est une ellipse dont les axes coincident avec les axes de coordonnées.
b) Pour cos ϕ = 0, la courbe est une droite qui coupe l’axe des intensités au point I = E / X.
c) Pour les déphasage du courant en arrière sur la tension, les courbes sont des arcs d’ellipses compris entre les courbes précédentes (fig:a) Caractéristiques externes;b) Courbes de réglage Courbes de fonctionnement) tandis que pour des déphasages en avant, les arcs d’ellipses sont extérieurs. Dans ce deuxième cas, on peut observer un phénomène de surtension (V > E); on peut alors déterminer la valeur maximale de la tension (df / dI = 0, lorsque dV / dt = 0) et la valeur maximale du courant (df / dV = 0, lorsque dI / dV = 0).



a) Caractéristiques externes
b) Courbes de réglage Courbes de fonctionnement


2.2.2. Courbes de réglage

Pour des charges résistives ou inductives, la tension V décroît lorsque I augmente (la réaction d’induit démagnétisante), pour des charges très capacitives (peu fréquentes dans la pratique) la tension V croît avec I (la réaction d’induit magnétisante).

Tout débit sur un circuit inductif oblige le distributeur, pour garder la valeur de la tension V constante, à augmenter le courant d’excitation J de l’alternateur de la centrale. La mise en service d’une batterie de condensateurs, au contraire, l’ oblige à réduire l’excitation (fig : a) Caractéristiques externes;b) Courbes de réglage Courbes de fonctionnement). Ces phénomènes peuvent être employés pour une compensation des effets des charges sur le réseau de distribution.


Description des alternateurs industriels

A la différence du transformateur, qui est le plus souvent monophasé, l’alternateur est toujours triphasé.

En effet le fer de l’induit est mieux utilisé car pour un même inducteur, il comporte trois enroulements monophasés indépendants. De plus les machines triphasés à champ tournant (générateurs et récepteurs) ont un fonctionnement plus souple que les machines monophasées à champ alternatif.

Sur la fig:Alternateur d’expérimentation (Moteurs Leroy). on peut voir les parties d’un alternateur d’expérimentation.

La fréquence f (en Hz) des grandeurs électriques statoriques et la fréquence de rotation n (en tr/s) de l’inducteur sont liées par la relation

f = p n


En Europe et au Maroc on doit avoir f = 50 Hz, si bien que le rotor doit tourner à la
fréquence ns = 50/p (en tr/s), soit en tr/min

ns = 3000 / p



 Alternateur d’expérimentation (Moteurs Leroy)


ns est appelé fréquence de synchronisme de l’alternateur.

Le nombre de paire de pôles p dépend donc de la vitesse du moteur d’entraînement; selon cette vitesse on classe les alternateurs en deux grandes catégories.

1. Alternateurs à pôles lisses

Lorsque le moteur est une turbine à vapeur, la fréquence de rotation est nécessairement élevée, supérieure à 1000 tr/min, ce qui laisse deux cas possibles:

• p = 1 ⇒ ns = 3000 tr/min.
• p = 2 ⇒ ns = 1500 tr/min.


Les alternateurs entraînés par une turbine à vapeur ont (en France):

• 2 pôles lorsque Sn ≤ 660 MVA,
• 4 pôles lorsque Sn > 660 MVA.

Rotor. La fréquence de rotation élevée exige que, pour réduire les effets centrifuges à la périphérie du rotor, le diamètre de l’entrefer soit limité; d’autre part, le champ magnétique étant fixe par rapport au rotor, celui-ci n’a pas besoin d’être feuilleté.

En conséquence le rotor se présente comme un cylindre d’acier massif solidaire de l’arbre, dont le diamètre est de l’ordre du mètre; sur la surface cylindrique, des encoches ont été fraisées, parallèlement à l’axe, afin de recevoir l’enroulement inducteur.

L’alternateur est alors dit à pôles lisses ou à entrefer constant (fig: Alternateur à pôles lisses).

Le diamètre étant réduit il faut, pour obtenir des f.é.m. induites notables dans l’enroulement statorique, donner à la longueur axiale de la machine une valeur importante: dans les alternateurs de grande puissance, elle est comprise entre 15 et 20 mètres, ce qui pose des problèmes délicats.

Malgré le diamètre relativement réduit du rotor, les conducteurs de l’inducteur sont soumis à des accélérations radiales considérables (jusqu’à 5000 g). En conséquence, les conducteurs sont maintenus par des clavettes en bronze fermant les encoches; toutes ces clavettes, court-circuitées aux deux extrémités du rotor, constituent une sorte d’enroulement dit “en cage d’écureuil” (indépendant de l’enroulement inducteur) et appelé amortisseurs.

Stator. Le stator est la partie fixe du circuit magnétique; soumis à un champ tournant, il est le siège de courants de Foucault et du phénomène d’hystérésis: par suite il est constitué d’un empilage de tôles d’acier au silicium, perpendiculaires à l’axe de la machine, ayant la forme de couronnes.

Alternateur à pôles lisses
 a) Rotor


b) Stator

Sur sa surface cylindrique interne le stator porte des encoches, parallèle à l’axe, régulièrement distribuées, dans lesquelles sont logés les conducteurs de l’enroulement d’induit (fig. 2-4b). Les couronnes du stator, avec leurs encoches, sont découpées à la presse dans les tôles ferromagnétiques.

Lorsque la puissance de l’alternateur est élevée les couronnes statoriques, au lieu d’être découpées d’un seul morceau dans des tôles ordinaires, sont constituées de plusieurs portions identiques en tôles à cristaux orientés: la direction privilégiée de l’acier est disposée suivant le rayon moyen de la portion considérée.

L’alternateur à pôles lisses, entraîné par une turbine à vapeur, équipe les centrales thermiques, classiques (fuel ou charbon) et nucléaire. Il s’agit de machines de très grande puissance: au cours de trente dernières années, leur puissance a augmenté dans des proportions considérables.



La puissance a augmenté beaucoup plus que le volume de la machine grâce à unsystème de refroidissement de plus en plus efficace. L’enroulement statorique estrefroidi par une circulation d’eau très pure (donc isolante); cette eau circule même à l’intérieur des conducteurs de cuivre. Le refroidissement du rotor est généralement assuré par une circulation d’hydrogène sous pression.


2. Alternateurs à pôles saillants

Rotor. Lorsque la turbine est hydraulique, sa fréquence de rotation est toujours très inférieure à 1000 tr/min; or, cette fréquence est la fréquence de synchronisme ns de l’alternateur; celui-ci doit donc présenter un nombre de pôles d’autant plus grand que ns est plus faible devant 3000 tr/min:

ns = 3000 / p ⇒ p = 3000 / ns (ns en tr/min)

Dès que le nombre de pôles est supérieur à quatre le rotor est constitué d’un volant portant à sa périphérie 2p électro-aimants de polarités successives Nord et Sud (d’où le nom de pôles saillants) (fig : Alternateur à pôles saillants).


a) Rotor

b) Amortisseur

Avec cette disposition le nombre de pôles peut être élevé (plusieurs dizaines); mais le diamètre de l’ensemble (appelé roue polaire) augmente avec 2p et peut atteindre 7 à 8 mètres lorsque 2p est de l’ordre de 40 à 60.

Comme pour les alternateurs précédents le rotor étant fixe par rapport au champ, peut être massif; cependant par suite de leur passage devant les encoches du stator, les épanouissements polaires (et parfois même les noyaux polaires) sont feuilletés.

Les alternateurs à pôles saillants possèdent également des amortisseurs (fig. Alternateur à pôles saillants):

ils sont constitués de barres conductrices placées à la périphérie des épanouissements polaires et réunies par des portions d’anneau conducteurs sur les faces latérales (ou même réunies par un anneau complet sur chacune des faces).

Stator. Il est théoriquement identique à celui des alternateurs à pôles lisses mais son
diamètre est très supérieur.

Les alternateurs à pôles saillants équipent les centrales hydrauliques: leur technologie, leur vitesse et leur puissance dépendent de la hauteur et du débit de la chute d’eau (la puissance dépasse rarement 200 MVA).

Le plus souvent l’axe rotorique est vertical; cependant, dans le cas de chute de grande hauteur (plusieurs centaines de mètres) l’axe est horizontal.

Enfin il existe des alternateurs qui constituent, avec leur turbine, des ensembles totalement immergés: on parle de groupes bulbes.

De nombreuses petites chutes (appartenant à des particuliers) sont équipées d’alternateurs à pôles saillants.

Les alternateurs de secours entraînés par des moteurs diesels (hôpitaux, grands magasins...) sont aussi à pôles saillants.

Remarque: Tout alternateur industriel, que son rotor soit à pôles lisses ou à pôles saillants, est nécessairement équipé d’un dispositif spécial appelé système d’excitation dont le rôle est de débiter le courant continu J dans l’enroulement rotorique.

3. F.é.m. à vide

On a déterminé que la f.é.m. induite dans une phase a pour expression :

e = E√2 cos(ωt - π/2) = E√2 sin ωt
avec:         E = π√2 N l r n B               et                 ω = pΩ

Il est préférable d’utiliser le flux embrassé par chacune des spires ψ et non l’induction du champ magnétique B.

Chaque phase comportant N/2 spires le flux sinusoïdal ψ a pour expression :

ψ = (2√2 / Nω) E cos ωt = (2√2 / Nω) (π√2 N l r n B) cos ωt

Pour chaque machine donnée (l et r fixés) Φ et B sont proportionnels. Le flux Φ est dû à l’ensemble des lignes de champ issues d’un pôle de l’inducteur et traversant l’entrefer : on l’appelle flux utile par pôle.

Dans le cas d’une machine multipolaire la pulsation ω = pΩ = p(2πn). On doit écrire :

Φ = (2√2 / Nω) E = 2/p l r B

Désormais il est facile d’exprimer la valeur efficace E des f.é.m. induites en fonction de Φ, quel que soit le nombre de pôles :

E = π/√2 N (pn) Φ , mais f = pn
mais              f = pn                     
E = π/√2 N f Φ              
Dans tous les raisonnements chaque bobine était supposée repartie dans une seule paire d’encoches ; on parle d’enroulement massé. Cet enroulement massé présente un inconvénient grave – la place disponible le long de l’entrefer est mal utilisée. En réalité les spires de chaque bobine sont disposées dans plusieurs paires d’encoches régulièrement décalées. L’enroulement est dit réparti.

L’enroulement réparti présente aussi un inconvénient : les f.é.m. induites dans les différentes paires d’encoches d’une même bobine ne sont pas exactement en phase.

La f.é.m. induite résultante dans un enroulement réparti est plus faible que dans un enroulement massé.

E reparti = kb E massé

Le coefficient kb est inférieur à 1 et il est appelé facteur de bobinage.

Dans toutes les hypothèses on suppose que la forme de l’onde de champ magnétique dans l’entrefer est sinusoïdale. La réalité est proche dans les alternateurs à pôles lisses, mais ce n’est pas le cas dans les alternateurs à pôles saillants : l’onde de champ a une répartition qui s’écarte d’une sinusoïde (on atténue le phénomène en augmentant l’entrefer en face des cornes des épanouissements
polaires) (fig. Répartition de l’onde dans l’entrefer d’un alternateur à pôles saillants).

Répartition de l’onde dans l’entrefer d’un alternateur à pôles saillants


Les f.é.m. induites dans les phases ne sont plus exactement sinusoïdales. L’expression de E peut se mettre sous la forme :

E = kf (π/√2 kb N f Φ)

kf est un facteur correctif dit facteur de forme de l’alternateur; sa valeur est légèrement supérieure à 1.
En conclusion, l’expression définitive de E s’écrit :

E = π/√2 kf kb N f Φ

Le produit k = π/√2 kf kb est le facteur de Kapp de la machine : il est toujours voisin de π/√2 = 2,22 (puisque kb < 1 et kf > 1).

4. Enroulement d’induit

0L’enroulement de l’induit d’un alternateur monophasé à deux pôles est beaucoup plus simple que celui d’une dynamo car, le plus souvent, c’est un enroulement ouvert à une seule couche.

L’enroulement, le plus simple, comporte deux brins actifs A et A’ placés dans deux encoches diamétralement opposées (fig.a). Il suffit de réunir ces deux brins sur l’une des faces pour que les f.é.m. engendrées soient à chaque instant montées en série, les deux extrémités libres constituant les bornes de l’alternateur.

On peut augmenter la f.é.m., en multipliant le nombre de brins actifs ; il suffit pour
cela de constituer une bobine (fig.b) dont les parties frontales, appelées têtes,
sont extérieures aux encoches et au champ, donc elles sont inactives.


Enroulement de l’induit
a) Enroulement simple
b) Bobine 
c) Schéma panoramique d’une bobine enchevêtrée 
d) Schéma panoramique d’une bobine séparée
e) Alternateur à une seule encoche bobinée
f) Répartition parpaire de pôles
g) Gabarit d’une bobine 
h) Schéma frontal d’une bobine enchevêtrée


Cette disposition dans deux encoches diamétrales ne suffit généralement pas à répartir la totalité des brins actifs, c’est pourquoi on utilise plusieurs encoches, l’enroulement se présente soit avec des bobines enchevêtrées (fig.c), soit avec des bobines séparées (fig.d). Dans le premier cas, les éléments sont identiques, dans le second l’un est plus étroit que l’autre, mais la f.é.m.; obtenue est la même car
on monte en série les mêmes f.é.m. partielles.

Cependant, quand les brins sont ainsi répartis, ils ne sont plus tous dans des champs de même valeur au même instant et les f.é.m. induites dans les différents éléments ne sont plus en phase ; cela diminue la valeur efficace de la f.é.m. pour la totalité des brins ( facteur de bobinage). C’est d’ailleurs la raison pour laquelle on ne peut bobiner qu’une surface partielle du stator , mais cet inconvénient n’a pas lieu avec les alternateurs triphasés qui sont les seuls utilisés dans la pratique.

Pour les alternateurs monophasés à 2p pôles on va considérer pour simplifier un alternateur à une seule encoche bobinée par pôle (fig.2-7e). Pour mettre en série les f.é.m. induites dans les 2p brins actifs, il suffit d’unir sur l’une des faces, qu’on nomme face arrière, les brins qui se trouvent au même instant dans des champs opposés (1 et 2 par exemple), puis d’unir 2 à 3 sur la face avant.
Enfin, on peut multiplier le nombre de brins par bobine, puis répartir ces bobines dans plus de deux encoches par paire de pôles (fig.2-7f). Dans la pratique, les différentes bobines sont préparées à l’avance sur des gabarits (fig.2-7g) ; elles sont rubanées, imprégnées d’un vernis isolant et étuvées. Il appartient ensuite à l’ouvrier bobineur de les mettre en place dans les encoches, puis d’assurer les liaisons précisées par un schéma frontal (fig.2-7h) ou panoramique.

Dans les alternateurs triphasés on distingue deux catégories :

- Enroulement à une couche

Chacune des trois phases se présente sur le stator comme enroulement d’un alternateur monophasé, celles-ci étant décalées à 120° électriques l’une par rapport à l’autre. Cependant, comme il faut pouvoir les mettre en place sur un même stator, elles occupent un domaine plus faible que pour un enroulement monophasé.

Dans la pratique, on s’arrange pour que toutes les encoches disponibles soient bobinées ce qui fixe l’ouverture d’une phase à 60° électriques.

Dans le cas d’une machine à 2p pôles (soit 2p = 4), on utilise souvent la représentation (fig.2-7h) avec les têtes de bobines repliées sur le flasque afin de permettre la mise en place du rotor.

- Enroulement à deux couches

Alors que l’enroulement à une couche a été l’enroulement de base des alternateurs jusqu’à ces dernières années, on utilise actuellement pour les très grosses unités un enroulement à deux couches (fig:Enroulement à deux couches).

 

Cet enroulement dont chaque phase a une ouverture de 120° électriques (au lieu de 60° pour l’enroulement à une couche) a une technique de fabrication identique à celle des machines à courant continu.


Il est formé de sections bobinées à l’avance sur gabarits, la section étant formée de deux faisceaux. Comme pour la dynamo l’enroulement d’une machine multipolaire se présente soit comme imbriqué simple (avec retour en arrière après la mise en place d’une section), soit comme un ondulé simple (avec la poursuite en avant pour mettre en série une nouvelle section).

Avec ce type d’enroulement, les têtes de sections forment un ensemble très régulier, ce qui permet de mieux résister aux efforts considérables qui peuvent intervenir en cas de défauts (mise en court-circuit,…). De plus, il est possible de constituer des sections à pas légèrement raccourci afin de réduire certains harmoniques.

5. Plaque signalétique

Elle porte le nom du constructeur et le numéro d’ordre de fabrication, puis des indications techniques (fig:Plaque signalétique d’un alternateur) :

• Nombre de phases
• Puissance apparente utile
• Service
• Tension entre bornes
• Courant débité
• Facteur de puissance
• Vitesse de rotation
• Conditions d’excitation (tension et intensité maximale)


Plaque signalétique d’un alternateur

Sur le contenu de ces données il est bon d’apporter les précisions suivantes :

a) Comme le transformateur, l’alternateur n’a pas comme un moteur, son propre facteur de puissance, celui-ci dépendant de la charge (impédance du réseau) qui est branchée à ses bornes. C’est pourquoi, il ne peut être caractérisé que par sa puissance apparente puisque, sous une tension constante son débit est limité par l’élévation de température acceptable. Il est souhaitable de faire fonctionner un alternateur, qui alimente un réseau, avec un facteur de puissance égal à l’unité, l’énergie réactive étant produite (ou absorbée) le plus près possible de sa consommation (ou de sa fourniture). Cependant, pour résoudre les problèmes de régulation, cela n’est pas totalement possible, c’est pourquoi, on accepte pour l’alternateur qu’il fonctionne avec un certain facteur de puissance qui est indiqué sur
la plaque signalétique.

b) Un alternateur triphasé est toujours branché en étoile. L’intensité indiquée par la plaque est le courant nominal par phase In : c’est la valeur efficace du courant le plus intense que peut supporter la machine sans échauffement excessif pour le service indiqué. Ce service peut être continu (c’est-à-dire permanent) ou intermittent. Dans le deuxième cas, il faut prévoir des périodes de fonctionnement à plus faible charge suivant un cycle d’utilisation imposé par le constructeur, sinon la machine risque de
chauffer dangereusement. Si le service n’est pas précisé, c’est qu’il s’agit d’un service permanent à sa charge nominale. La tension indiquée sur la plaque signalétique est la tension entre fils de ligne, la seule qu’il soit facile de mesurer.

c) Connaissant ces valeurs nominales ainsi que le facteur de puissance pour lequel l’alternateur a été prévu, l’usager pourra facilement déterminer la puissance du moteur d’entraînement. En effet, si on se donne une valeur approximative du rendement η de l’alternateur, rendement d’autant plus élevé que la puissance apparente est plus grande (il est voisin de l’unité pour les turbo-alternateurs), on a :
P = √3 Un In cos ϕ / η
6. Turbo-alternateurs modernes

Généralités. Comme on a déjà signalé le rendement des installations augmente avec la puissance, on a pu assister à une augmentation régulière des puissances des groupes turbo-alternateurs : 200 MW en 1950, 400 MW en 1960, 600 MW en 1970, etc.

Comme les turbines à vapeur s’accommodent bien de vitesses élevées, on les faisait, initialement, tourner à la plus grande vitesse qu’il était possible, c’est-à-dire à la vitesse de synchronisme (soit 3000 tr/mn). Avec cette technique, qui utilise des alternateurs à deux pôles, le diamètre des rotors ne peut pas dépasser une certaine valeur (1,2 m environ) pour assurer une bonne tenue aux frettes qui retiennent les têtes de bobines. Dans ces conditions, pour augmenter la puissance apparente d’un
alternateur , on doit augmenter la longueur du rotor , mais au-delà d’une certaine valeur des phénomènes de résonance mécanique peuvent causer de graves dommages.
C’est pourquoi, pour les très grosses puissances, on utilise des alternateurs à quatre pôles qui sont entraînés à 1500 tr/mn. Les alternateurs les plus récents qui fonctionnent dans les centrales nucléaires françaises ont les valeurs suivantes :

• Puissance nominale apparente : 1650 MVA
• Tension nominale entre bornes : 20 kV
• Intensité nominale : 48 kA

La turbine qui entraîne l’alternateur comporte plusieurs corps (fig) :

• Un premier corps à haute pression
• Trois corps à basse pression

 

La puissance de la turbine est de 1300 MW (avec un facteur de puissance de 0,9).
L’ensemble turbo-alternateur a une longueur totale de 70 m.
L’alternateur a une longueur totale de 17,37 m et une masse totale de 745 tonnes (fig.).




Le diamètre du rotor, qui est à quatre pôles, est de 1,95 m, sa masse est de 240 tonnes.


La masse totale du groupe turbo-alternateur est de 4900 tonnes (dont 554 tonnes pour les rotors).

Refroidissement des alternateurs par l’hydrogène. Les premiers alternateurs mis en place par l’EDF étaient, refroidis par l’air en circuit ouvert puis, dans une période plus récente, ils étaient refroidis par l’air, qui circulait en circuit fermé.

Actuellement les alternateurs sont refroidis par de l’hydrogène circulant en circuit fermé. Cette solution présente les avantages suivants :

• Les pertes par ventilation sont proportionnelles à la masse volumique du fluide employé pour la réfrigération. Comme la masse volumique de l’hydrogène est 14 fois moins élevée que celle de l’air, les pertes par ventilation seront 14 fois plus faibles .

• La conductibilité thermique de l’hydrogène étant 7 fois plus élevée que celle
de l’air, les échanges de chaleur se font plus facilement avec hydrogène.

Les parties chaudes de l’alternateur cèdent plus rapidement leur chaleur à
l’hydrogène qu’à l’air ; de même, l’hydrogène transmet plus vite sa chaleur
aux tubes du réfrigérant.

• Les échanges de chaleur se font d’autant plus facilement que la pression de l’hydrogène est plus élevée.

L’utilisation de l’hydrogène nécessite d’importantes précautions car l’hydrogène forme avec l’air un mélange explosif quand le mélange contient 5 à 70% d’hydrogène.

L’hydrogène doit être maintenu en pression dans tout son circuit ce qui nécessite une étanchéité parfaite de ce circuit. L’hydrogène situé dans l’enceinte externe de l’alternateur est aspiré par les ventilateurs d’extrémité et refoulé sous les capots (fig.Système de refroidissement à l’hydrogène). Le flux d’hydrogène se divise en plusieurs parties :

• Une première portion assure le refroidissement des têtes de bobine ;
• Une deuxième partie pénètre dans l’entrefer rotor – stator pour sortir par des canaux radiaux pratiqués dans l’empilage magnétique du stator ;


Système de refroidissement à l’hydrogène

• Une troisième partie, intéressant la partie centrale, pénètre par ces canaux radiaux d’une façon centripète (vers l’axe) pour ressortir par d’autres canaux d’une façon centrifuge (vers la périphérie).

• Enfin une dernière partie parcourt les encoches, au sein des conducteurs, dans des tubes prévus à cet effet (fig:Système de refroidissement à l’hydrogène b).

L’hydrogène chaud est dirigé, par un système de cloisonnement, vers les réfrigérants. Ils sont, le plus souvent (au nombre de quatre du type tubulaire) placés à la partie supérieure de l’alternateur.
La réfrigération est assurée par une circulation d’eau provenant des pompes d’extraction du condenseur principal.

Excitation statique. Jusqu’à une époque récente, le courant continu nécessaire à l’excitation du rotor de l’alternateur étant fourni par une génératrice à courant continu montée en bout d’arbre. Le courant continu était transmis au rotor par deux bagues en bronze, le réglage de l’intensité de ce courant étant obtenu par le réglage du courant de l’inducteur de la génératrice. Ce procédé présente les inconvénients suivants :

• La dynamo, en raison de son collecteur, est une machine qui réclame un certain entretien ; de plus, en raison des étincelles du collecteur, on augmente les risques d’explosions .

• Le contact entre les balais fixes et les bagues tournantes est une source d’inconvénients et de pannes.

Les alternateurs modernes utilisent, pour leur excitation, un système statique dit « à diodes tournantes » (fig : Excitation statique « à diodes tournantes »).


Excitation statique « à diodes tournantes »


L’excitation de l’alternateur principal est assuré par un alternateur intermédiaire auquel on adjoint un redresseur à diodes. Cet alternateur a une disposition inversée, le stator étant l’inducteur alors que le rotor est l’induit, ainsi ce dernier (avec son redresseur) peut-il alimenter directement le rotor de l’alternateur principal.


L’alimentation en courant continu du stator de l’alternateur intermédiaire est assurée par un alternateur d’excitation muni d’un redresseur à diodes. Cet alternateur dont la disposition est classique (induit fixe et inducteur tournant) a comme rotor un aimant permanent. C’est au niveau de cet alternateur qu’interviennent les dispositifs de régulation.

C’est ainsi que, pour assurer l’excitation d’un alternateur de 1650 MVA, l’alternateur intermédiaire est une machine à 22 pôles et 39 phases qui, en fonctionnement normal, fournit, par l’intermédiaire d’un pont redresseur à 78 diodes, un courant continu de 6823 A sous tension de 531 V.

ALTERNATEURS

Principe de fonctionnement

1. Constitution

Un alternateur élémentaire comporte:

• un rotor, tournant à la vitesse angulaire Ω, muni d’un enroulement parcouru par un courant continu J (dit courant inducteur ou d’excitation);

• un stator présentant deux encoches diamétralement opposées dans lesquelles on a disposé une bobine de N/2 spires (nombre total de conducteurs actifs égal à N).

L’inducteur crée dans la machine un champ magnétique à 2 pôles qu’il entraîne avec
lui dans sa rotation:

 BM = B cos (ωt - θ)

2. F.é.m. induite

Les conducteurs situés dans les encoches de l’induit coupent les lignes de champ
(fig. 2-1a), donc sont le siège de f.é.m. induite.

B l v = l r Ω B = l r Ω B cos (ωt - θ)

avec: v = r Ω, où r = rayon de l’entrefer; l = longueur des conducteurs situés dans le champ.
Les f.é.m. induites correspondantes aux faisceaux ont pour expressions:

N/2 l r Ω B cos (ωt - π/2)
N/2 l r Ω B cos (ωt + π/2) = N/2 l r Ω B cos (ωt - π/2)



La f.é.m. totale a pour expression:

e = N l r Ω B cos (ωt - π/2)
 
Alternateur élémentaire
 Champ magnétique tournant


 Force électromagnétique (f.é.m.) induite
 
 
La pulsation ω de e est égale à la vitesse angulaire Ω du rotor et

⇒ ω = 2 π f
⇒ Ω = 2 π n d’où: f = n


La valeur efficace E de e est sous la forme:

E = 1/√2 N l r Ω B = 1/√2 N l r 2π n B
E = π √2 N l r n B


Le vecteur f.é.m. E est en quadrature arrière par rapport au vecteur tournant B qui lui donne naissance.
 
Pour un enroulement triphasé (trois bobines identiques, régulièrement décalées de 2π/3, numérotées dans le sens de rotation du rotor, couplées en étoile) le champ induit trois f.é.m. sinusoïdales e1, e2, e3 , de même pulsation ω = Ω = 2 π n, de même valeur efficace E = π √2 N l r n B, telles que:

e1 = E √2 cos (ωt - π/2) = E √2 sin ωt
e2 = E √2 sin (ωt - 2π/3)
e3 = E √2 sin (ωt - 4π/3)


Dans le cas d’une machine bipolaire la fréquence f (en Hz) des f.é.m. induites est égales à la fréquence de rotation n (en tr/s). Pour que f = 50 Hz il faut que n = 50 tr/s soit n = 3000 tr/min. Cette condition est réalisable si l’alternateur est entraîné par une turbine à vapeur, mais beaucoup trop élevée pour une turbine hydraulique. Il faut donc construire des alternateurs dont f.é.m. sont en 50 Hz alors que le rotor tourne à une fréquence très inférieure à 3000 tr/min: c’est l’origine des alternateurs multipolaires.
L’inducteur comporte p bobines connectées en série, il crée le long de l’entrefer une onde de champ magnétique présentant p pôles Nord et p pôles Sud.

L’enroulement triphasé statorique présente le même nombre de pôles, c’est-à-dire que chaque phase comporte p bobines (donc 2p faisceaux) d’ouverture égale à π/p, se déduisant les unes des autres par des rotations d’angle 2π/p. D’autre part, chaque phase est décalée de la précédente de l’angle 2π/3p.

Pour une même valeur de n les f.é.m. induites varient p fois plus vite, autrement dit leur fréquence est
f = p n. Mais à la fin les machines multipolaires les f.é.m. induites possèdent les mêmes expressions que pour les machines bipolaires.

 Alternateur élémentaire triphasé (multipolaire)
 
 
 
 
 

Couplage des transformateurs triphasés

Les différents modes de couplage sont repérés par des lettres.

* les trois bobines (HT) peuvent être montées :


- Soit en étoile :Y,
- Soit en triangle : D,

* les trois bobines à BT peuvent être montées :

- Soit en triangle : d,
- Soit en étoile avec neutre sorti : y,
- Soit en zig zag.

Avec ces deux modes de couplage pour la HT et ces trois modes pour la BT, on peut obtenir un certain nombre de combinaisons dont le choix dépend de la puissance du transformateur et des déséquilibres possibles dans le réseau de distribution. (voir tableau suivant)

Le plus souvent le transformateur introduit un déphasage des tensions au secondaire par rapport aux tensions au primaire, qui est un multiple de 30°.

Les différents couplages utilisés sont caractérisés par un symbole de deux lettres avec indications de l’indice horaire de déphasage.

Exemple : Dy 11 signifie « primaire en triangle secondaire en étoile, déphasage 30° x 11 = 330°».

Couplages usuels et indices horaires



Les représentations colorées (Dy 11, Yy 0, Yz 11) sont les couplages normalisés (norme UTE, NF C 52-100).

Les indices numériques ou indices horaires expriment d’une façon simple le déphasage relatif, multiple de 30°, introduit par un transformateur entre tensions homologues, par exemple entre la tension simple VAN (HT) et la tension simple Van (BT)


Couplage des composants en triphasé - Couplage en triangle

Couplage en triangle

Soient Z1 , Z2 , Z3 trois impédances couplées en triangle, alors on a :




 

Couplage des composants en triphasé - Couplage en étoile

 Couplage en étoile

Soient Ζ1 , Ζ2 , Ζ3 trois impédances couplées en étoile.
Alors on a :